• La Môme" : pathos et performance d'actrice pour Piaf

    LE MONDE | 13.02.07 | 16h40  •  Mis à jour le 13.02.07 | 16h41
    Gérard Depardieu, Marion Cotillard et Sylvie Testud dans le film français d'Olivier Dahan, "La Môme". | TFM DISTRIBUTION Gérard Depardieu, Marion Cotillard et Sylvie Testud dans le film français d'Olivier Dahan, "La Môme".


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    ne célèbre campagne publicitaire montra jadis sur une affiche une jeune fille sexy, trois jours durant. "Demain j'enlève le haut", annonçait le premier slogan, "Demain j'enlève le bas", promettait le second. Ourdi de main de maître, le plan média de La Môme a consisté, depuis des mois, à chauffer le public en ne dévoilant que progressivement le visage maquillé de la comédienne choisie pour incarner Edith Piaf dans cette biographie filmée. Marion Cotillard de dos, puis de face, avant de donner des entretiens dans lesquels l'actrice raconte comment elle a été "habitée" par la chanteuse.

     

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    Après le lancement du premier étage de la fusée promotionnelle (Marion masquée, Marion grimée, Marion sans fards), l'heure est venue de dévoiler la pièce maîtresse : le film. Il se compose de deux parties. D'abord, l'enfance de la môme de la cloche à Belleville, fille d'une alcoolique, élevée dans un bordel, menacée de cécité, séparée de Tine sa mère adoptive, embarquée au cirque par son père, rêvant d'une poupée, irradiée par une apparition de sainte Thérèse, réduite à la mendicité.

    Cette partie paraît interminable, figée dans une gangue misérabiliste en dépit de l'agitation de la caméra, plombée par des acteurs qui en rajoutent dans le chromo, la guimauve, l'expressionnisme larmoyant.

     

    DE LA RUE AU CABARET

     

    La deuxième partie voit apparaître Marion Cotillard. La Cosette de dramatique télé s'efface derrière la chanteuse de goualantes, l'otage des passes, javas, zincs. On va suivre les malheurs d'Edith Gassion, écouter ses rengaines, la voir passer de la rue au cabaret grâce à Leplée (Gérard Depardieu), égrener ses rencontres, de Raymond Asso (Marc Barbé) à Marcel Cerdan (Jean-Pierre Martins), rythmer ses concerts, ses tragédies, ses injections de drogue.

    On reste en plein mélo, la mise en scène ne lésine pas sur les effets, la bande-son exploite à fond le timbre d'une voix déchirante : c'est le choix d'Olivier Dahan, celui du film populaire, sentimental, dramatique.

    Un film ruisselant de pathos, donc, mais où Marion Cotillard fait un numéro qui ne laisse pas indifférent. Flanquée de Momone, sa copine de mistoufle (excellente Sylvie Testud), la môme en fait des tonnes, vulgaire, canaille, capricieuse, ingrate, indomptable, marchant comme une bossue, campant ses mains sur sa petite robe noire : une composition qui pourrait bien lui valoir le César en 2008, et qui, pour l'heure, arrache l'émotion au forceps. En play-back, surmaquillée, hurlant sa douleur à la mort de Cerdan, le corps déglingué, agonisante, elle provoque le frisson. En dépit d'une fin grandiloquente et racoleuse, on retient cela : cette performance.


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