• 6000 contaminations en 2003


    VIH L'épidémie semble progresser dans certains groupes à risque, notamment chez les homosexuels et les femmes d'origine africaine
    Sida : 100 000 séropositifs en France

    Cyrille Louis
    [27 novembre 2004]

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    Ce que les associations de malades redoutent depuis plusieurs années déjà, les statistiques officielles le confirment aujourd'hui : loin de faiblir, la circulation du VIH sur le territoire français demeure élevée dans la population générale puisque, selon l'Institut national de veille sanitaire (INVS), 6 000 nouvelles contaminations y sont actuellement diagnostiquées chaque année. De surcroît, l'épidémie semble de nouveau progresser dans certains groupes à risque – notamment chez les homosexuels et les femmes originaires d'Afrique subsaharienne. Au point que le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, n'a pas craint d'annoncer hier, à quelques jours de la journée mondiale contre le sida : «Le spectre des années noires réapparaît.»


    Longtemps incapables de suivre en temps réel la progression du virus, les autorités sanitaires ont mis sur pied début 2003 un nouveau système de surveillance basé sur la déclaration obligatoire par les médecins de chaque diagnostic positif, à l'attention des pouvoirs publics. Un dispositif qui, après un temps de rodage, vient de livrer de premiers résultats. «En tenant compte d'une sous-déclaration estimée à 35%, nous sommes désormais en mesure d'avancer des chiffres là où, il y a un an encore, nous vivions encore dans un épais brouillard», explique Gilles Brücker, directeur de l'INVS.


    Ces premières données indiquent ainsi qu'environ 3 600 hommes (âgés de 40 ans en moyenne) et 2 400 femmes (de 33 à 35 ans) ont appris leur séropositivité au cours de l'année 2003. Parmi ces porteurs du VIH, un sur trois avait été contaminé au cours des six mois précédents – et même un sur deux si l'on ne tient compte que des homosexuels –, comme le révèle la toute récente généralisation d'un test permettant de déterminer approximativement l'ancienneté de l'infection. «A elle seule, cette donnée nouvelle semble montrer que la circulation du virus ne faiblit pas et que les pratiques dangereuses persistent», commente Gilles Brücker.


    Au sein de cette population, deux groupes à risque affleurent clairement : les femmes d'origine africaine qui, dans leur immense majorité, se sont contaminées par voie hétérosexuelle, et les hommes homosexuels, français pour un grand nombre d'entre eux. A contrario, ces premiers résultats paraissent traduire un net recul de la contamination par emploi de seringues usagées – désormais impliquées dans 3% seulement des infections.


    «Si le système de déclaration obligatoire est encore loin de tourner à plein régime, ces données préliminaires tendent à confirmer un certain nombre d'intuitions issues d'études comportementales et de travaux menés dans des pays voisins, interprète-t-on chez Act Up Paris. En gros : avec le temps et l'avènement de la trithérapie, les pratiques à risque font depuis plusieurs années un retour en force – notamment dans la communauté homosexuelle.»


    De fait, les données du «Baromètre gay» réalisé en 2002 par l'INVS auprès d'environ 9 000 homosexuels laissent penser que les rapports non protégés sont beaucoup plus fréquents parmi les homosexuels que dans la population générale. Un constat aujourd'hui repris par la publication de données récentes sur la syphilis, des infections à chlamydiae et de la lymphogranulomatose vénérienne rectale : «Ces trois infections ont récemment eu tendance à augmenter de façon significative chez les homosexuels, notamment chez ceux qui sont séropositifs», explique Gilles Brücker. Une évolution qui fait désormais dire à Philippe Douste-Blazy : «L'épidémie est de nouveau totalement incontrôlée chez les homosexuels.»


    Malgré ces indicateurs alarmants, il demeure à ce jour impossible d'évaluer la dynamique réelle de l'épidémie en France. Selon la dernière estimation, qui remonte à la fin des années 90, entre 90 000 et 120 000 personnes seraient actuellement porteuses du VIH. Depuis le début de l'épidémie, plus de 58 000 cas de sida déclarés ont été officiellement notifiés, dont 1 323 l'an dernier. Grâce à la nette amélioration des traitements antirétroviraux, quelque 25 000 personnes vivraient actuellement avec la maladie – qui tue tout de même 1 500 malades chaque année.


    Visiblement soucieuses de réagir, les autorités sanitaires ont annoncé hier le lancement d'une nouvelle campagne de prévention qui reposera notamment sur un spot télévisé. Prévu pour une diffusion entre le 30 novembre et le 9 décembre prochain, celui-ci décrit la difficulté à vivre avec le virus du sida et se conclut par une exhortation : «Mieux vaut rester fidèle au préservatif.»


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