• francois rousseau

    Le corps mis à Nu

    Avec "Les dieux du stade", François Rousseau a acquis une notoriété incroyable dans le monde de la photographie masculine. Depuis, il continue son travail sur la représentation du corps, surtout masculin, toujours avec une attention esthétique qui lui vient de ses années de peinture. Habitué des magazines et de la pub, il produit aussi des tableaux photographiques et des livres d'art. Les images illustrant ces pages sont extraites de son dernier album, "Nu".
    Par Tim Madesclaire

    Comment as-tu conçu l'album "Nu" ?


    C'est une commande de l'éditeur, Fitway, qui a aussi publié un album consacré au nu féminin, "Nue". L'idée était de faire une série de doubles portraits image/texte d'hommes de tous âges, toutes origines. J'ai proposé à Philippe Castetbon, avec qui j'avais déjà travaillé sur l'album "Ici est tombé" de faire les portraits écrits. Les modèles ont été choisis pour exprimer la diversité, ce ne sont pas des pros. Ils sont interrogés sur le mode "j'aime/j'aime pas" appliqué à eux-mêmes. Pour la plupart, ce sont des hommes qui n'avaient pas l'habitude de l'objectif. On a cherché à travailler sur leurs failles, ce qui n'a pas été tres facile ici. Ça l'est plus quand on peut travailler sur le long terme avec les modèles, ou quand je les photographie chez eux : le lieu est important. Ici, ce n'est pas le cas, c'est du studio, donc ca a été plus dur.

    Comment abordes-tu le nu masculin ?

    Je réfléchis beaucoup à la représentation du corps masculin, ce n'est pas facile à appréhender. Un historien et photographe, Pierre Borhan, analyse l'évolution de la représentation du corps masculin à travers la photographie et l'art. Il montre comment l'homme a toujours été représenté dans l'art mais souvent sans que les préférences de l'artiste soient mises en évidence, comment le désir n'est jamais revendiqué. La plastique masculine est toujours au service d'autre chose.

    C'est vrai pour la photo mais aussi pour la peinture, et l'exposition sur Girodet au Louvres actuellement le démontre. Mais depuis une quarantaine d'années, il y a une revendication de l'identité homosexuelle à travers la photo masculine. Et encore plus récemment, c'est la publicité qui s'en est emparée. Le résultat, c'est que ce sont les ados et les jeunes filles qui maintenant affichent dans leur chambre les mêmes images que les gays ! Dans la photo " plasticienne ", le mouvement est un peu différent, le corps masculin est devenu plus présent dès que des thématiques comme la sexualité ou l'intimité sont abordées.

    Tu penses que maintenant le corps masculin est traité de la même façon que le corps féminin ?

    Non, pas encore. La photo masculine reste un truc majoritairement destiné aux gays, et la production reste sans comparaison avec ce qui se passe pour le corps féminin.

    Tu as aussi publié un album, "Amor causa", sur le thème des Béatitudes...

    C'est à la demande du patron de Rénova, pour qui j'avais réalisé cette fameuse campagne de pub pour papier hygiénique... Il voulait communiquer autrement, et a fini par opter pour un album photo, sur le thème... des béatitudes, parce que c'est un homme très croyant ! Ceci dit, moi aussi dans mon jeune âge, j'avais été tres touché par les béatitudes, et j'avais même déjà travaillé ce thème du temps que j'étais peintre. Pour " Amor causa ", je suis parti au Brésil, où le catholicisme est très important, sans être dogmatique, et j'ai réalisé de très grandes images avec des modèles rencontrés sur place, qui seront exposés bientôt, et qui constituent ce livre.

    François Rousseau, Philippe Castetbon, "Nu", Fitway Publishing, 29,90 euros.

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