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    Carnaval de Rio : "Un préservatif, meu amor !"
    LEMONDE.FR | 20.02.04 | 13h20  •  MIS A JOUR LE 20.02.04 | 16h01

    "Vamos vestir a camisinha, meu amor !" (mettons un préservatif, mon amour !), tel est le slogan choisi par l'école de samba de Grande Rio pour le défilé du Carnaval qui se déroule les nuits des 22 et 23 février sur le Sambodrome. Une statue monumentale d'Adam et Eve en pleine fornication devait se dresser sur le char d'ouverture, et près de cinq mille danseurs simulant différentes positions du Kama-sutra ont prévu de marcher dans le sillage du couple biblique vêtu de centaines de préservatifs colorés.<script language="javascript"></script>

    L'Eglise brésilienne s'est insurgée : l'association des juristes catholiques de Rio a intenté une action en justice et, jeudi 19 février, les procureurs du tribunal de l'enfance et de la jeunesse de Duque de Caxias ont exigé des organisateurs qu'ils modèrent les ornements du char allégorique sujet à controverse. "La forme et la taille de certains personnages inspirés du Kama-sutra frôlent la pornographie", a déclaré la procureure Andrea Rodrigues Amim, qui a visité l'entrepôt de construction. Déjà, à la mi-janvier, l'archevêque de Rio, Mgr Eusebio Scheid, outré par ce défilé qui risquait de "discréditer le carnaval de Rio aux yeux du monde entier par des scènes inacceptables et des images indécentes", avait demandé à la justice de poursuivre l'école de Grande Rio pour atteinte à la pudeur.

    Mais, pour le directeur artistique de l'école, le très provocateur Joazinho Trinta, la référence au Kama-sutra a pour objectif de "démontrer que les érudits indiens de jadis étudiaient la sexualité non pas comme de la pornographie, mais comme une science". Souhaitant "réinterpréter la Genèse", M. Trinta considère l'attitude de l'Eglise "médiévale et erronée".

    En fait, l'efficacité du préservatif comme moyen de prévention contre la transmission du VIH est mise en doute par les autorités religieuses du Brésil. "L'Eglise met en danger la vie de personnes qui, par obéissance religieuse, finissent par ne pas se protéger", a observé le ministère de la santé en décembre. Dix millions de préservatifs devraient être distribués gratuitement dans le pays durant le Carnaval, dans le cadre d'une campagne gouvernementale de lutte contre le sida. Le ministre de la santé, Humberto Costa, s'attend toutefois à de nouvelles critiques de l'Eglise.

    Les groupes religieux les plus conservateurs, comme les évangélistes, qui ont gagné en nombre au Brésil ces vingt dernières années, sont très hostiles à cette grande fête païenne. Avec plus de 15 % de pentecôtistes, selon l'Institut brésilien officiel de statistiques, beaucoup de fidèles considèrent ces festivités "comme un moment de péché où la chair est exposée et les démons sont lâchés", analyse Marion Aubrée, anthropologue au Centre de recherche sur le Brésil contemporain (Ehess, Paris). "La grande folie", surnom du carnaval dans le pays, est traditionnellement une période où tous les excès sont permis... ou presque.

    Catherine Le Lohé

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