• L’Eglise roumaine en guerre contre le mouvement gay

    Les défenseurs roumains des droits des homosexuels ont organisé leur seconde gay pride. Une initiative âprement critiquée par l’Eglise Orthodoxe. L’institution fait tout ce qu’elle peut pour contrer l’acceptation des minorités sexuelles en Roumanie.

    Par Vlad Telibasa

    « Sortez de Roumanie, personne ne veut de vous ici », lance un groupe d’une centaine d’activistes de droite et de Chrétiens orthodoxes en direction de militants pour les droits des homosexuels lors d’une parade à Bucarest, le 3 juin dernier.

    Brandissant des crucifix et des pancartes affirmant que « l’homosexualité est un péché », ils tentent de disperser la parade. Les militants pour les droits des homosexuels répondent par des sifflets, des chants patriotiques et un cri : « l’homophobie doit disparaître ! »

    Ce n’est que lorsque les militants commencent à lancer des œufs, des pierres et des bouteilles en plastique que la police entre en action, afin de protéger la parade en lançant des grenades lacrymogènes. Bilan : 15 personnes arrêtées, un officier blessé.

    La violence qui a touché la seconde gay pride de Bucarest est un signe des passions que ce thème peut susciter. Mais le fait que la police soit intervenue - et du côté de militants gays - montre également que les questions d’égalité des sexes et des genres ont progressé en Roumanie au cours des dernières années.

    « Heureusement, les policiers qui nous encadraient étaient extrêmement responsables et ont fait du bon travail », explique Octav Popescu, l’un des organisateurs. « Sans cela, tout aurait été possible, car la Roumanie a encore des difficultés à accepter les minorités, quelles qu’elles soient. »

    Acquérir une visibilité

    Malgré l’homophobie virulente à laquelle ils se sont heurtés, les activistes gays affirment avoir atteint un objectif essentiel.

    « Nous sommes parvenus à nous rendre visibles et à nous montrer au monde à la lumière du jour », explique Florin Buhuceanu, leader d’Accept, un groupe de défense des droits des homosexuels.

    Selon lui, la gay pride a également attiré l’attention sur la question de la légalisation des unions de conjoints du même sexe, actuellement non reconnues en Roumanie.

    Symboliquement, Florin Buhuceanu a épousé son compagnon espagnol le 4 juin, au cours d’une cérémonie religieuse menée par un pasteur protestant américain.

    La réalisation de cette gay pride laisse penser que la Roumanie accepte lentement l’existence des gays et des lesbiennes, cinq ans après la décriminalisation de l’homosexualité. Mais une bonne partie de l’opinion publique continue de considérer comme choquants les mariages et les unions civiles de conjoints de même sexe.

    L’un des principaux adversaires aux manifestations publiques d’homosexuels - et encore plus à l’idée de mariages de conjoints du même sexe - est l’Eglise Orthodoxe Roumaine. Plus de 80% des 22 millions de citoyens roumains en sont membres.

    « Une marche telle que celle qu’ont réalisée les organisations homosexuelles est un outrage à la moralité ainsi qu’à l’institution sacrée de la famille. Elle représente un danger réel pour les plus jeunes, en les exposant à la corruption morale », affirme l’évêque Ciprian Campineanul.

    L’Eglise a critiqué sévèrement les autorités pour avoir autorisé la parade. Pour les représentants religieux, la gay pride est « anticonstitutionnelle » et représente une « offense à la majorité [des citoyens] ».

    L’Eglise a demandé aux autorités de maintenir des lois interdisant ce qu’elle appelle de la « propagande gay ». Ella a également critiqué l’Union Européenne pour avoir fait pression sur la Roumanie et obtenu la modification de ses lois sur l’homosexualité.

    « Nous voulons rejoindre l’Europe, mais pas Sodome et Gomorrhe », a lancé récemment un évêque roumain.

    L’Eglise a une grande influence sur l’opinion. La plupart des sondages s’accordent sur le fait que 90% des citoyens ont une plus grande confiance en l’Eglise qu’en les autres institutions publiques.

    Les idées de l’Eglise en ce qui concerne les questions sexuelles sont partagées avec enthousiasme par les mouvements de droite, et particulièrement par un groupe nommé New Rights. Le 3 juin dernier, ce groupe a tenu sa propre marche, en soutien aux valeurs de la famille et de la religion.

    « Nous n’avons rien contre les homosexuels, mais nous ne voulons simplement pas les voir », explique un manifestant d’une vingtaine d’années, arborant un calicot néo-nazi et portant une icône sur sa poitrine. « Qu’ils quittent la Roumanie. Ils sont une minorité, ils doivent obéir à la majorité. »

    « L’Eglise s’empare du rôle de l’Etat »

    De leur côté, les activistes gays imputent à l’Eglise le fait que la plupart des Roumains continuent à percevoir l’homosexualité comme un péché et une maladie. « L’attitude de l’Eglise n’est pas appropriée. Son message, qui légitime la violence commise par certains dans les rues, l’a montré », affirme Florin Buhuceanu.

    Un rapport récemment publié par Amnesty International a fourni un portrait au vinaigre de la très large intolérance sur les questions sexuelles en Roumanie.

    Le rapport, publié en mai, soutient que 40% des Roumains désirent que les homosexuels quittent le pays. Il dépeint un niveau d’hostilité et de discrimination comparable à celui de la communauté Rrom du pays, importante et peu aimée.

    Selon Csaba Asztalos, le responsable du Conseil National Contre la Discrimination (CNCD), la Roumanie évite depuis trop longtemps de s’attaquer à cette question épineuse.

    « L’homosexualité était un sujet tabou sous la période communiste, et elle l’est restée au cours des quinze dernières années », explique-t-il. « Nous avons décriminalisé l’homosexualité très tard en comparaison avec la plupart des anciens états communistes. La Roumanie doit aborder plus ouvertement cette question sensible, afin de permettre aux gens d’accepter les différences. »

    Le sociologue Mircea Kivu partage cette opinion. Selon lui, des problèmes sont apparus par le fait d’avoir mêlé les questions morales et religieuses sur l’homosexualité et les droits légaux dont bénéficient les homosexuels en tant que citoyens.

    « Alors que les personnes homosexuelles demandent des droits civils normaux, l’Eglise s’empare du rôle de l’Etat et essaie d’imposer ses points de vues religieux », souligne-t-il.

    « Cela ne devrait pas devenir la norme. Il faudra du temps pour que la plupart des Roumains deviennent plus tolérants. »


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  • Programme présidentiel: mariage gay et à l'adoption aux couples du même sexe
    - Après des années de tergiversations, les socialistes français incluent dans leur programme présidentiel "le mariage et l'adoption ouverts aux couples de même sexe". Réservée sur le sujet, Ségolène Roya se rallie à cette position.

    Sept ans après la création du Pacs, le gauche française emboîte le pas de nos voisins européens. Le texte de consensus adopté mardi soir par les ténors du PS en vue de 2007 comporte ainsi une mesure passée inaperçue: le candidat socialiste à la présidentielle se présentera devant les électeurs avec, pour la première fois, la promesse que "le mariage et l'adoption seront ouverts aux couples de même sexe". Cette revendication du mariage et de l'adoption ouverts aux homosexuels restait depuis 2001 l'apanage des Verts et du PCF. Cette revendication a pourtant déjà abouti dans certains pays de l'Union européenne comme l'Espagne ou la Grande-Bretagne.

    "Comme toujours en politique, le facteur temps a fait son œuvre, a confié à LCI.fr le député parisien Patrick Bloche à la pointe de ce combat. Sans doute, l'effet Zapatero a-t-il fait réfléchir, notamment, le premier secrétaire du parti et peut-être aussi la candidate socialiste préférée des Français (ndrl: Ségolène Royal). Le fait que l'une des premières mesures du Premier ministre espagnol ne soit pas économique mais soit la légalisation du mariage gay et l'ouverture du droit à l'adoption a marqué François Hollande".

    "Zapatero a fait réfléchir les socialistes français"
    Même sentiment chez Christophe Girard, l'adjoint socialiste à la mairie de Paris. "Le jeune Zapatero a obligé les socialistes français à réfléchir. La clarté de la réforme espagnole - mariage et adoption - est pour moi un exemple à suivre," a-t-il  affirmé à LCI.fr . " En mai 2004, à l'époque du mariage de Bègles, nous étions très peu à défendre cette position à gauche. La pression politique et l'évolution de la société ont fait bouger les choses. C'est la preuve que la détermination permet de gagner les combats politiques ".

    En novembre, les socialistes avaient pris au congrès du Mans l'engagement que "le mariage serait ouvert aux couples de même sexe" mais ils restaient réservés sur la possibilité pour les homosexuels d'adopter des enfants. "Le droit à l'adoption doit s'adapter aux réalités nouvelles et notamment tenir compte de l'homoparentalité", affirmait la motion finale du parti. A ce moment là, deux figures socialistes, Ségolène Royal et Lionel Jospin, avaient exprimé des réserves sur l'instauration de l'égalité des droits entre homos et hétéros.

    Ségolène bientôt dans Têtu

    Il y a deux ans, la compagne de François Hollande avait déclaré que des "opinions réservées sur le mariage homosexuel étaient légitimes et respectables". "La famille et l'autorité parentale sont des valeurs à conforter", déclarait-elle. Mais la candidate à l'investiture PS pour 2007 s'est vue obligée d'évoluer, se disant aujourd'hui favorable à une reconnaissance légale des "unions" homosexuelles. Vendredi matin, elle a toutefois estimé sur France Inter que l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels devrait être conduite "avec tact" et "respect des convictions". Selon nos informations, elle va aussi s'exprimer sur ce sujet dans le prochain numéro du magazine Têtu.

    Au PS, cette idée est un combat de longue date pour Jack Lang, autre candidat à l'investiture. Dominique Strauss-Kahn, Laurent Fabius, et François Hollande de manière moins ostentatoire, s'y sont ralliés il y a tout juste deux ans, alors que Noël Mamère s'apprêtait à célébrer le premier mariage entre homosexuels. Dans la foulée, le bureau national du PS avait donné mandat au groupe socialiste de l'Assemblée "d'élaborer une proposition de loi sur le mariage homosexuel". Le député de Paris Patrick Bloche avait donc rédigé un texte ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de mêmes sexe. C'est cette proposition de loi qui sera déposée mercredi prochain sur le bureau de l'Assemblée, trois jours avant la Gay pride parisienne. "Même si elle n'a aucune chance d'être débattue en séance, le dépôt de cette proposition permet de marquer un engagement politique sur une base juridique claire" souligne Patrick Bloche. A moins d'un an de la présidentielle, le PS affirme désormais sa conversion. 

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  • BERNE - L'Eglise catholique-chrétienne bénira désormais les couples homosexuels unis par un partenariat. Elle a défini deux formes de célébration clairement distinctes du mariage afin de ne pas remettre en question ce sacrement.

    Le synode de l'Eglise catholique-chrétienne a accepté cette nouvelle orientation à une large majorité à Aarau par 76 oui, 2 non et 5 abstentations. Cette église, qui compte 13'000 fidèles, devient la première en Suisse à reconnaître officiellement le partenariat des homosexuels.

    Les deux rituels développés par la commission "Homosexualité et Eglise" seront testés durant les prochaines années. Le premier est un rituel indépendant qui pourra se dérouler dans une église ou un lieu privé. Le second est une bénédiction qui pourra être donnée dans le cadre du service religieux habituel.

    Dans les deux cas, le prêtre procédera à une longue prière de bénédiction. "Selon la situation pastorale du couple et de la paroisse, une célébration sera mieux adaptée que l'autre", écrit la commission dans son rapport.

    L'Eglise catholique-chrétienne se penche sur la question de l'homosexualité depuis 2004. Elle souhaite donner une réponse aux couples homosexuels qui souhaitent que leur union évolue avec l'aide de Dieu.

    Selon cette Eglise, les couples du même sexe ont les mêmes besoins spirituels que ceux de sexe différent. De plus, "on ne choisit pas de devenir homosexuel", mais on l'est "depuis la petite enfance, ou même avant la naissance", relève le rapport.

    "Il s'agit là de connaissances scientifiques dont ne pouvaient pas disposer les auteurs des textes bibliques et les témoins de la tradition chrétienne", poursuit le rapport. Comme dans cette tradition le couple hétérosexuel a pour fonction de perpétuer la vie, l'Eglise catholique-chrétienne veut toutefois bien distinguer entre la bénédiction du mariage et des partenariats homosexuels.

    Dans le cadre de la nomination des prêtres, cette Eglise continuera à ne pas interroger les candidats sur leur orientation sexuelle. "Cela n'est pas un critère décisif", indique le rapport. Il convient toutefois d'être prudent dans l'attribution à une paroisse d'un prêtre qui vit dans une union homosexuelle, recommande la commission


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  • Parade multicolore contre l'homophobie à Varsovie

    Bron: Belga

    10/6/2006 18:8



    VARSOVIE 10/06 (BELGA) = Plusieurs milliers de personnes, dont plusieurs centaines d'étrangers, ont participé samedi sans incidents à une "Parade de l'égalité" à Varsovie, afin de soutenir le mouvement homosexuel polonais en butte à l'homophobie de la droite conservatrice au pouvoir. Le cortège, haut en couleurs, a traversé le centre de Varsovie, précédé par un camion à plateforme où pour la première fois en Pologne, un pays catholique à plus de 90%, des "drag queens" --des travestis exubérants-- se montraient en public. La foule brandissait une multitude de drapeaux arc-en-ciel du mouvement homosexuel tandis que d'autres portaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire "L'homophobie tue" ou "La discrimination, c'est ça votre tradition?". (EDR)


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  • plus de deux cents heures de diffusion en direct, plus de cinquante heures de rendez-vous spécifiques: tel est le programme inédit que La Chaîne parlementaire-Assemblée nationale a accordé aux travaux de la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire d'Outreau. Un événement suivi assidûment par plusieurs millions de téléspectateurs, passés de l'effroi à la réflexion. Partageant les avis du député André Vallini, président de la commission, soutenu en cela par Jean-Louis Debré, le président de l'Assemblée nationale, nous considérions que le huis clos était inapproprié. Mettre à l'écart les citoyens de ce pays, scandalisés par ce fiasco judiciaire, aurait été une faute politique grave. Il fallait qu'ils puissent assister à l'autopsie de cette affaire, qu'ils en comprennent la nature, les mécanismes. Il fallait qu'ils en découvrent les multiples acteurs afin de situer toutes les responsabilités, et pas seulement celle du juge Burgaud.

    Fallait-il, comme certaines grandes chaînes de télévision l'ont décidé, diffuser uniquement l'audition de celui-ci? Avoir pris le temps d'explorer largement cette histoire, sans succomber au jeu maudit du bouc émissaire, a été la force de la commission d'enquête. Aujourd'hui, personne ne regrette ce choix. Ces travaux ont permis aux représentants de la nation de montrer au pays que la politique ne se réduisait pas aux petites guerres fratricides ou aux chausse-trappes traditionnelles dont la classe politique est trop souvent coutumière. Avec le recul, la méthode utilisée, le temps accordé et la richesse des observations échangées démontrent que le choix de convier nos concitoyens aux premières loges de la réflexion et de l'évaluation de ce drame judiciaire a été d'une grande utilité publique. Comme nous étions loin des «petites machineries technocratiques» qui ont pris la mauvaise habitude de penser, d'élaborer en vase clos tel ou tel projet, telle ou telle loi qu'on découvre un beau matin, ce qui provoque parfois des tsunamis sociopolitiques inattendus!

    Opposée à cette façon de faire, la commission d'enquête d'Outreau, avant de remettre le 7 juin prochain son rapport, a eu l'intelligence de rendre à nouveau public le «débat général» qui a permis à chaque député d'exposer les axes principaux des réformes possibles, événement que LCP a diffusé en direct. C'est une façon nouvelle de faire de la politique. C'est un devoir de suite innovant qui correspond à la bonne gouvernance. C'est un devoir de suite qui relève aussi de la responsabilité des médias.


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